Fanny Tomasi-Schmutz : son aventure de grimpe en Patagonie
En février 2022, notre ambassadrice Fanny Tomasi-Schmutz est partie en Patagonie gravir le Fitz Roy avec deux amies. À son retour, c’est l’occasion pour elle de raconter son périple et de donner quelques petits conseils aux plus téméraires d’entre nous qui souhaiteraient se lancer dans pareille aventure.
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Fanny, guide de haute montagne, grimpeuse infatigable et ambassadrice Whympr
Si on devait définir en un mot la passion de Fanny, Verticalité, serait certainement le bon terme. Passionnée de tout ce qui a trait à l’escalade, en glace, en rocher ou en mixte, Fanny est devenue guide de haute montagne à Chamonix en 2015. Née et vivant à Servoz à deux pas de Chamonix, elle parcourt les massifs du monde entier et multiplie voyages et rencontres.
La nôtre s’est faite à la Dibona grâce à Whympr.
Parcourir Berthet-Boell-Stofer pour atteindre le sommet était une belle aventure sauvage, que tu peux retrouver sur AlpineMag : https://alpinemag.fr/sur-le-fil-de-la-dibona-whympr/
Patagonie et Fitz Roy
Cet hiver, c’est dans un projet d’ampleur que Fanny s’est lancée. Avec deux amies de longue date, Lise Billon et Camille Marot, avec qui elle a l’habitude de grimper, elle est partie du 25 janvier au 25 février 2022 en Patagonie Argentine au dessus du village El Chaltèn, et surtout à proximité du Fitz Roy, Cerro Torre, etc.
Lieu idéal (quel grimpeur n’a jamais rêvé ne serait-ce que d’approcher ces montagnes ?), cordée idéale et moment idéal (notre hiver correspond à l’été en Patagonie), il ne reste plus qu’à gravir ces énormes faces granitiques.
L’objectif principal était de grimper en rocher, et tout particulièrement le Fitz Roy par la voie Royal Flush. Cet itinéraire exigeant mais raisonnablement engagé, avec la possibilité de descendre en rappel dedans, s’est révélé ingrimpable à cause de la présence de neige.
Heureusement, la voie Afanassieff était en condition et leur a permis d’atteindre le sommet du Fitz !
Plus accessible que Royal Flush, cette voie reste néanmoins un itinéraire d’alpinisme très long. Ne te méprends pas, le Fitz est un sommet où l’escalade est toujours interminable, engagée et dure. La notion d’accessibilité est donc toute relative.
Zoom sur le Fitz Roy et l’Afanassieff
Le Fitz Roy, ou Cerro Chaltèn est un sommet granitique situé sur la frontière entre l’Argentine et le Chili en Patagonie, qui donne son nom au massif du Fitz Roy.
Le village le plus proche, point de départ des grimpeurs, se nomme El Chaltèn.
Culminant à 3405m, le Fitz Roy a été gravi pour la première fois en 1952 par Lionel Terray et Guido Magnone. Toutes les voies d’accès sont longues et en escalade traditionnelle (nécessitant la pose de protection). La météo participe grandement à la difficulté des ascensions. Changeante, venteuse, voire tempétueuse, elle offre rarement plusieurs jours d’affilés de beaux temps aux alpinistes.
La voie Afanassieff permet d’atteindre le sommet du Fitz Roy. Ouverte en 1979 par Jean et Michel Afanassieff, G. Albert, J. Fabre et G. Sourice, elle chemine le long de l’arête Nord-Ouest du Fitz, offrant 1550m d’escalade en 6a+ obligatoire.
Il s’agit d’une des voies les plus longues du Fitz, dont le crux est une large fissure. Il reste encore quelques cordes fixes abandonnées dans les premières longueurs.
Jamais deux sans trois
Fanny est toujours habitée par des envies de voyage qui l’emmènent principalement en Himalaya, Patagonie et Alaska.
La première fois qu’elle s’est rendue en Patagonie, c’était en lune de miel avec Damien (Tomasi). Partis tous les deux avec de très ambitieux objectifs d’escalade, ils n’ont finalement pas réussi à les atteindre. Et pour cause, le climat de la Patagonie est complexe et exigeant. Il faut, une fois au pied des montagnes, se plier aux conditions et à une météo capricieuse. La leçon que Fanny en a tiré, est de voir une fois sur place les voies en conditions, plutôt que d’arriver avec en tête des ascensions bien précises.
Souvent, la météo annonce des fenêtres de 4 jours de beaux, qui finissent par se réduire à une peau de chagrin.
La deuxième fois que Fanny se rend en Patagonie, en 2017, le séjour s’est déroulé bien différemment, puisqu’à chaque petit moment de beau temps, elle se précipitait pour grimper des voies « courtes » (marcher 10h pour grimper 8 longueurs, c’est ce qui est qualifié de court en Patagonie) et ainsi enchaîner les ascensions.
Cette année, c’est la troisième fois qu’elle se rend sur place, mais certainement pas la dernière.
Le vif du sujet, l’ESCALADE
C’est un voyage qui roule, entre la fête à Chaltèn, les créneaux météo favorables et une cordée soudée. Il ne s’agit pas seulement d’une expédition en montagne, mais également de profiter de la vie locale et de prendre le temps de s’en imprégner.
En Patagonie, le temps change aussi vite qu’il ne passe. Les créneaux de beau temps sont courts, et une grande partie du voyage se passe au village, à faire des rencontres.
Cependant, c’est la première fois que Fanny bénéficie de 4 jours de beau temps consécutifs! Un miracle dans ces contrées où les vents et courants rendent toute météo instable. Situé au bord de l’océan, le mauvais temps et le vent déferlent toujours de l’Ouest sur le massif.
Fanny et Camille au relais
Un bel échauffement…
Après deux jours de voyage, Fanny et ses deux amies à peine arrivées choisissent de profiter de deux jours de soleil pour grimper l’Aiguille Guillaumet. Un des sommets les plus accessibles du massif, par la voie Guillotina (300m, 6c+ 0). Belle entrée en matière !
La semaine suivante, elles grimpent la Corallo (450m, 7b) à l’Aiguille Rafael Juàrez, qui s’est révélée dix fois plus dure que ce qu’imaginait Fanny ! Heureusement, un ami qui grimpait à proximité a rejoint la cordée pour sortir de cette voie qui initialement devait être abordable…
En tout, la cordée s’est rendue 4 fois en montagne, pour 3 ascensions.
Une semaine avant l’ascension du Fitz Roy, Camille et Fanny ont décrété d’un créneau météo pour aller grimper la Granja à l’Aguja Pollone. (en sachant qu’il faut se renseigner auprès de nombreuses météos pour se faire une idée précise). Une météo semblait en effet annoncer un peu de soleil. Plus sceptique, Lise a préféré rester au chaud. En sachant qu’il faut généralement 7 ou 8h pour se rendre au pied des voies, la météo incertaine décourage vite. Finalement, c’est l’option de Lise qui s’est révélée la meilleure puisque le temps fut épouvantable. Après 10h de marche dans un vent qui les couchait par terre, Fanny et Camille ont fini par rentrer bredouille (même si au final, c’était une belle randonnée).
Camille face au soleil couchant
… Pour le Fitz Roy !
Si atteindre le sommet du Fitz Roy était bien l’objectif principal, l’idée première de Fanny était d’emprunter la voie Roy Flush, en face Est. Ce versant est malheureusement resté enneigé, et donc impraticable pendant le séjour.
Fanny avait prévu de partir le dimanche pour le Fitz Roy, puis de grimper le plus loin possible dans la face afin de bivouaquer sous le sommet.
Malheureusement, et comme souvent, changement de météo et averse le dimanche. Redescente donc dans la vallée et arrêt au refuge Piedra Del Fraile.
Ce n’était que partie remise puisque le lundi la météo se fait plus clémente, et les trois filles grimpent quasiment jusqu’au sommet. Après cette grosse journée, elles font un nouveau bivouac dans la descente de la Franco-Argentine (https://links.whympr.com/hGyRhYkb1kidf24XA).
Arrivée au sommet, surprise, pas de vent et grand beau !
Etant la seule voie du Fitz en condition, Fanny et ses amies ont croisé de nombreuses cordées plus ou moins expertes dans l’Afanassieff, affluence qui n’est pas sans rappeler celle que l’on peut retrouver à Chamonix ! Donc méfiance, bien que le topo donne envie, il faut rester humble face à ces géants. Le mauvais temps vient vite, tout le monde ne peut pas bénéficier d’un routeur, les descentes sont toutes complexes, et les chutes de pierres liées à la sécheresse de plus en plus fréquentes…
Même si tout s’est bien déroulé pour Fanny et ses amies, il vaut mieux qu’il n’arrive rien de grave en Patagonie. Les secours se font par caravane terrestre de Chaltén, les hélicoptères étant peu performants en raison du vent, et ont généralement 7h de marche à faire. Il faut donc compter un ou deux jours avant d’être secouru. Il s’agit généralement de bénévoles, voire des grimpeurs présents sur place, qui partent aider.
Derniers rappels!
Retour sur terre
Bien qu’à Chamonix, l’hiver soit déjà bien entamé, il y a forcément un gros changement avec la Patagonie !
Le travail de guide reprend et déjà les projets pour le printemps se mettent en place.
Fanny repartira sûrement au Maroc, à Taghia, vallée isolée où ce village berbère est le point de départ de nombreuses voies d’escalade mythiques sur des parois de 800m.
D’autres voyages sont prévus, à travers les Etats Unis, le Canada, voire à nouveau en Patagonie pour gravir l’ultime Cerro Torre… La suite au prochain épisode !
Pour les plus audacieux, et ceux que Fanny et ses amis auraient inspirés, voici le topo de la voie Afanassieff sur Whympr : https://links.whympr.com/3A5vGgfxEyCGWPXa9
Ainsi que celui de la Franco-Argentine dans laquelle elles sont redescendues : https://links.whympr.com/hGyRhYkb1kidf24XA
N’hésitez pas à suivre le compte de Fanny sur Whympr pour être au courant de toutes ses aventures, et surtout, même si vous ne grimpez pas des parois de 1550m, partagez et préparez vos sorties sur notre app!
Citons pour finir l’excellent topo Patagonia Vertical, Chaltèn Massif, Climbing guide de Rolando Dörte Pietron, aux éditions Sidarta Guides, qui a beaucoup aidé Fanny et ses amies dans leurs ascensions.
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