Refuge du Couvercle : lieu emblématique de l’alpinisme Chamoniard
Le refuge du Couvercle fait partie de ces rares lieux où l’histoire et l’avenir de l’alpinisme se rejoignent. On te propose de partir à la découverte des secrets de cet endroit spécial, si cher au cœur des Chamoniards. Pourquoi, encore aujourd’hui, il existe une telle émulation autour du refuge du Couvercle ? Comment est-il devenu une clé de l’Histoire de l’alpinisme à Chamonix ? Comment se prépare-t-il à assurer son avenir ? C’est ce que nous allons découvrir ensemble tout au long de cet article. Prends ton sac à dos, tes crampons et tes meilleures chaussures ! On va pour partir à l’assaut de l’histoire et de l’avenir d’un des plus beaux refuges des Alpes.
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Un refuge qui se mérite
Niché dans le bassin de Talèfre, au pied de l’Aiguille Verte et face aux Grandes Jorasses, le refuge du Couvercle est un refuge qui se mérite !
Dans cet écrin de haute montagne, le bâtiment, sortant tout juste de presque trois ans de rénovation, se tient fièrement à l’aplomb des plus grands itinéraires alpins pour accueillir depuis 1904 les alpinistes et les randonneurs.
Son accès n’est cependant pas des plus aisés. Pour se rendre au Couvercle, le plus efficace est de se laisser transporter au cœur du massif par le petit train du Montenvers.
De là, il te faudra gagner la mer de glace par un système d’échelles. C’est en travaux cet été, il est donc recommandé d’emprunter les escaliers et la télécabine de la grotte de glace. Tu pourras ensuite remonter le glacier et gravir de nouveau des échelles vertigineuses.
Tu peux retrouver le détail de l’itinéraire d’accès sur Whympr et nous partager tes impressions.
Sans forcément gravir la Verte, gravir les échelles du Couvercle sera une belle expérience alpine et vertigineuse ! N’oublie pas de lever la tête (sans pour autant perdre l’équilibre) pour contempler un des plus beaux panoramas des Alpes. Tu seras entouré des murailles granitiques de la Verte, du Moine, des Drus et même du Grand Charmoz !
À la rencontre du gardien du refuge du Couvercle
Rien que pour toi, l’équipe de Whympr est allée à la rencontre du gardien du refuge du Couvercle, au cœur de l’actualité de cet été 2022 (tu nous as peut-être vu sur Instagram ou Facebook, la goutte de sueur au front entrain d’aider à bâtir de nouveau refuge :)).
En effet, après presque trois ans de travaux, la mythique bâtisse de granite nichée entre la Verte et les Grandes Jorasses a rouvert ses portes le 16 juin.
C’est Christophe Lelièvre, alias Pinou, actuel gardien du refuge du Couvercle, qui nous a raconté l’histoire de ce lieu, entre âge d’or de l’alpinisme et changement climatique.
10 jours avant la réouverture, en plein nettoyage, l’ancien gardien de la Charpoua doit tout aménager pour les futurs montagnards qui lui rendront visite.
Il nous raconte alors la longue histoire des premiers gardiens du Couvercle.
Avant d’être le bâtiment que nous connaissons, le Couvercle n’était qu’un abri de fortune. Il était blotti sous une grosse pierre pouvant accueillir une douzaine de personnes.
C’est en 1953 qu’est inaugurée la bâtisse actuelle, avec pas moins de 120 couchages !
Au poste de gardien se succèdent des noms familiers à Chamonix. On connait celui du célèbre guide Joseph Ravanel, dit « le Rouge », et plus tard, son fils Arthur.
L’histoire de la création du refuge du Couvercle, subtil mélange de chauvinisme et de contemplation
Whymper et pas Whympr 😉
Construire un refuge est toujours une entreprise ambitieuse.
Construire un refuge à 2687 m d’altitude est encore plus complexe.
Mais alors construire un refuge à 2687 m, avec 120 couchages en 1952, l’idée paraît insensée !
C’est pourtant bien le cas du refuge du Couvercle. D’après Pinou, il y a deux raisons principales à cette folie des grandeurs : la proximité des plus grands sommets et la beauté du cadre.
Commençons par le commencement
Les premiers grands noms de l’histoire de l’alpinisme à Chamonix venaient principalement du bassin genevois où résidaient des alpinistes anglophones. La vallée de l’Arve abritait majoritairement des paysans, et ses habitants ne rêvaient pas encore aux hauts sommets enneigés.
Le refuge du Couvercle a été un des premiers vrais refuges de haute montagne à être construit.
Cela au même moment que celui de la Charpoua.
Les actuels refuges tels que le plan de l’Aiguille du midi ou celui de Blaitière n’étaient à l’époque que de vieux alpages.
Le bassin de Talfère, où a été construit le refuge du Couvercle, a suscité l’intérêt soudain des montagnards au début du XXème siècle grâce à un personnage connu de tous aujourd’hui : Edward Whymper (oui, c’est bien de lui que vient le nom de notre app outdoor).
Célèbre pour son ascension du Cervin, cet alpiniste et illustrateur anglais, s’intéresse de près aux Alpes et gravit en 1875 l’Aiguille Verte par le fameux couloir qui porte désormais son nom.
Cette première suscite l’émoi des chamoniards. Un anglais qui ouvre une voie, s’offrant par la même occasion une première ascension d’un sommet à 4112m !
Voilà qui piqua la fierté des guides français.
Cela poussa Michel Croz et cinq autres compagnons de cordée à gravir la Verte une deuxième fois mais par une nouvelle voie inédite, l’Arête du Moine.
De simple abri à demeure en granite
Comme tu l’as deviné, le bassin de Talèfre est au début du XXème siècle un des endroits les plus prisés du massif du Mont-Blanc.
Les répétitions et les ouvertures se succèdent. Les découvertes des cristalliers ne font qu’attiser la curiosité des montagnards pour ce lieu. Le petit abri de fortune initialement coincé sous une pierre devient vite trop étroit.
Dès 1900, les travaux s’enchaînent. Un petit cabanon est construit, puis agrandi à plusieurs reprises entre 1900 et 1920.
Entre 1925 et 1930, le refuge du Couvercle entre dans la grande campagne de construction et d’amélioration des refuges du Mont-Blanc.
1932 voit l’arrivée des maçons italiens pour reconstruire un bâtiment à l’emplacement du refuge actuel.
Enfin, 1953 marque la dernière série de grands travaux (jusqu’en 2020) pour le refuge du Couvercle. Notons que 400 personnes se sont déplacées pour l’inauguration de 1953 !
Un engouement qui ne date pas d’hier
L’attrait pour ce lieu entouré des géants des Alpes est apparu pour les alpinistes avec les ascensions de Whymper, mais il n’était pour autant pas inconnu des chamoniards.
Pinou explique que par la proximité avec ces montagnes abruptes, tout en étant situé sur une douce pente herbeuse, le refuge offre un panorama large et unique.
Contrairement aux refuges des environs, comme celui de l’Envers des Aiguilles ou du Requin, le Couvercle n’est pas enclavé, mais ouvert sur les montagnes.
La beauté du coin, ce n’est pas Whymper qui l’a découverte
En 1900, l’accès au refuge du Couvercle était bien plus simple qu’aujourd’hui, la mer de glace montant plus haut.
Il y avait à cette époque des alpages au pied de l’Aiguille du Tacul, ainsi qu’au pied du pas de chèvre.
Il est facile d’en déduire que les chasseurs ont été les premiers à mettre les pieds à l’emplacement du Couvercle, bien avant les alpinistes.
De la même manière, le bassin de Talèfre a toujours été un lieu prisé des cristalliers. Eux aussi, ont dû improviser des bivouacs sous la pierre du Couvercle avant la construction du refuge.
La vue panoramique fait de ce refuge un lieu prisé également des randonneurs, des peintres, et autre Frison Roche à la recherche d’inspiration.
La contemplation est une des raisons de se rendre au refuge du Couvercle, au même titre que les prestigieuses courses d’alpinisme.
Travaux titanesques et écologiques, le refuge du Couvercle se transforme pour assurer son avenir
1953. C’est la date à laquelle le refuge du Couvercle a terminé ses dernières rénovations. Il était donc grand temps de songer à faire des travaux pour accueillir les alpinistes et faire face aux changements climatiques.
Globalement, la vétusté du parc des refuges de la FFCAM a abouti à des projets de rénovation partout dans le massif du Mont-Blanc.
Le refuge de la Charpoua est d’ailleurs le prochain sur la liste tandis que celui de Leschaux a déjà été refait.
Les exigences et les contraintes sont nombreuses et le bâtiment, vétuste.
Il a été nécessaire de refaire une grande partie de l’intérieur : les toilettes, le stockage, l’isolation, le chauffage…
L’ancienneté du refuge le rendait énergivore. Le choix a été fait de ne pas dépendre d’un seul type d’énergie. Energie photoélectrique, génératrice à gaz (consomme moins que le pétrole) couplées avec le photovoltaïque, le photothermique, la chaudière à pellet et le poêle à bois…
Toutes ces sources permettent autonomie et sécurité. Si l’une d’elles tombe en panne, une autre peut facilement prendre le relais.
Le stockage des déchets était également un sujet essentiel en raison de la fragilité du milieu naturel. Il a fallu à la fois préserver l’histoire du lieu et l’adapter aux préoccupations écologiques actuelles.
Chose rare et même impensable en 1953, le gardien a été inclus dans la réflexion sur les travaux afin de partager ses idées et suggestions.
Pour Pinou, le gardien du refuge du Couvercle, participer à ce moment revenait à vivre un moment charnière dans la culture de la montagne.
En faisant du bénévolat et en aidant à coordonner le chantier, il ravivait quelque peu l’esprit montagnard de 1953 où l’entraide régnait.
Aujourd’hui le confort de l’hélicoptère pour monter les matériaux soit très appréciable. Lors de la rénovation de 1953, c’était des porteurs qui avaient monté eux-mêmes chaque pierre du refuge.
Le futur du refuge du Couvercle est intimement lié aux évolutions de l’alpinisme
Une grande surprise pour les alpinistes qui se rendront au refuge du Couvercle sera de constater que la capacité d’accueil a été réduite.
Le nombre de couchages est passé de 114 à 64 !
Les raisons sont nombreuses. Avec le changement climatique et la fonte de la mer de glace, l’accès se rallonge et se complique d’année en année.
Cela allant jusqu’à décourager certains randonneurs de monter.
C’est ce même changement climatique qui décale le calendrier de l’alpinisme.
Si les grandes classiques des 100 plus belles de Rébuffat se parcouraient initialement l’été, il faut maintenant songer à faire le couloir Whymper en février pour s’assurer un bon regel et une sécurité correcte.
La pratique et la mentalité même de l’alpinisme évoluent. Passer plusieurs jours en refuge attire de moins en moins de personnes, préférant les itinéraires à la journée.
Pour finir, le manque de confort, très relatif dans le nouveau refuge du Couvercle, semble rebuter les montagnards modernes… (pourtant il y a désormais des douches, donc pas d’excuse pour t’y rendre !).
Alors, qu’attends tu pour te rendre au refuge du Couvercle ?
Whympr et Pinou le gardien, espèrent que ce long article t’en a appris un peu plus sur l’histoire du Couvercle. Mais surtout qu’il t’a donné envie de monter là-haut !
Dès le 16 juin, réserve ta nuitée pour gravir la Verte, le Moine, la Pointe Isabelle. Ou alors, profite tout simplement du coucher de soleil avec vue sur les Grandes Jorasses, bière à la main !
Partage-nous tes sorties et tes photos du refuge du Couvercle, et passe le bonjour à Pinou de notre part 🙂
Pour que Pinou puisse organiser la vie du refuge et te préparer les meilleurs repas du massif, n’oublie pas de réserver ta nuitée (ou plus) :
https://refugeducouvercle.ffcam.fr/
Retrouve sur Whympr les itinéraires de toutes les grandes courses du bassin de Talèfre.
Tu peux aussi trouver la description d’accès au refuge du Couvercle : https://links.whympr.com/9RkVwPHEmCXHmLBV7
Des ouvrages pour aller plus loin
Si tu ne parviens pas à dormir à cause des ronflements de ton voisin, Pinou te recommande un peu de lecture :
- Les Conquérants de l’inutile de Lionel Terray, paru en 1961. Bible de bien des montagnards. L’autobiographie d’un des plus grands alpinistes de son époque qui saisit avec justesse la futilité mais surtout, la beauté des ascensions.
Tu peux aussi t’intéresser à deux ouvrages qui nous ont aidés à rédiger cet article :
- Histoire de l’alpinisme, de Roger Frison-Roche et Sylvain Jouty, Arthaud 1964 -1996 Paris.
- Les Refuges du Mont-Blanc, de Dominique Potard, Guérin Paulsen, 2016 Chamonix.
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